Cela fait plusieurs semaines que je n’ai plus publié ici. Je reviens avec une interview pour partager une belle démarche qui me touche, m’émeut, me donne envie d’avancer. Il y a quelques jours, au hasard d’un post dans un groupe sur facebook, j’ai découvert Sophie et ai eu envie d’en savoir plus sur sa démarche inspirante. Elle présentait son nouveau pensionnaire, Tim, un petit veau qu’elle avait sauvé de l’abattoir.

Bonjour Sophie, peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Sophie 28 ans, passionnée depuis toujours par les animaux. J’ai toujours su que je ferais de ma passion mon métier. Je suis conseillère animalier et possède un magasin d’accessoires et nourriture pour animaux de compagnie. Je suis aussi présidente de mon ASBL « le rêve d’Aby » que je gère avec mon compagnon.

Comment est née cette démarche d’accueillir des animaux dont la destinée était moins glorieuse ?

Mon compagnon et moi, avons eu la chance de pouvoir acheter une vieille ferme. Nous voulions du terrain pour que ma vieille jument puisse vivre auprès de nous. Nous nous posions la question de savoir ce que nous allions faire de tout cet espace.
Elevage? Pension pour chevaux… ? Nous sommes dans une région rurale.
Nous avons fait la connaissance de nos voisins agriculteurs. Nous avons donc vu « la vraie vie » des animaux de ferme et avons appris à connaitre ce milieu. Nous avons simplement ouvert les yeux sur énormément de choses qui nous sont cachées ( publicité, éducation,…).
Nous avons donc bien vite laissé tomber l’élevage car nous avons appris ce qui se passe réellement dans ce « monde » dans lequel l’animal n’est qu’une source de revenu.
Un soir, alors que j’allais chez mes voisins, une mise bas avait lieu. Une magnifique vache Holstein poussait de toutes ses forces pour mettre au monde son petit. Sont nés deux veaux. Un mâle et une femelle. Tous deux condamnés à devenir de la viande de veau. Pour simplifier, le veau femelle naît avec trop d’hormones « mâle », risque de ne pas être fertile. Dans le doute, la plupart des éleveurs ne prennent pas le risque de les amener à l’âge de reproduction : c’est « poubelle » directement.
Aby, le veau femelle, était née. Sous mes yeux. Je ne le savais pas encore mais ma vie allait changer. 15 jours plus tard la voilà arrivant à la maison.
A son arrivée, je suis devenue végétarienne et me suis de plus en plus préoccupée du sort des animaux dits « de rente » et je me suis jurée d’y changer quelque chose.
Nous avions des demandes de toute part pour récupérer des animaux : nous avons donc décider de créer une sorte de refuge, de sanctuaire pour ces « oubliés de la protection animale ». Nous voulons également plaider en faveur du végétarisme, ouvrir les yeux de la population sur l’élevage intensif et montrer qu’une vache, un cochon, une poule,… ont le droit d’être traités avec respect, que ce ne sont pas que des machines à produire!

Combien d’autres pensionnaires as-tu, en plus d’Aby et de Tim ?

Ça fait un petit temps que j’ai arrêté de compter. 😉 A la ferme, nous avons deux vaches et un veau (Tim). Bientôt la maman d’Aby va venir nous rejoindre pour vivre une longue et heureuse retraite, je lui ai promis ! 17 chevaux et poneys, 3 cochons, 5 lapins, 2 ânes, une bonne quarantaine de poules, 8 chèvres, 9 moutons ( je crois que je n’ai oublié personne :-))
Certains sont résidents et resteront avec nous jusqu’à la fin, d’autres sont placés à l’adoption. Nous avons encore 4 poneys en famille d’accueil.

Comment t’organises-tu pour les accueillir ? est-ce compliqué pour ceux qui seraient tenté de suivre ta voie ?

Lorsqu’un abandon, un cas de maltraitance ou un cas qui nous tient à cœur se présente et que nous avons la place suffisante pour l’accueillir, nous allons chercher l’animal. Un animal de rente est rarement gratuit. Nous devons donc trouver un moyen pour récolter la somme demandée.
Je ne vais pas vous cacher que ce n’est pas de tout repos. Le côté administratif est assez contraignant. Nous avons dû demander des autorisations, créer des numéros de troupeaux. Chaque animal qui rentre ou qui sort doit être déclaré et fait partie d’un registre. Nous sommes contrôlés comme si nous étions une exploitation.
Le côté financier est assez compliqué à gérer.
Nous ne fonctionnons que par des dons.
Ces animaux mangent plus qu’un chien ou un chat 😉 puis il y a le côté émotionnel. Personnellement, je suis de plus en plus sensible. La souffrance de ces animaux que j’ai appris à connaitre, lorsqu’ils sont dans les élevages intensifs, me fait très mal. Je ne comprends pas comment de telles choses puissent encore être permises. Comment les gens peuvent encore cautionner cela!
Ensuite, nous sommes tous les jours face à des souffrances, à la réalité des choses, comment cela se passe, les abattoirs et face aux personnes qui font cela; les éleveurs, les employés des abattoirs, les marchands…

Je trouve le parcours de Sophie très inspirant, aller au bout de ses convictions, mettre les causes qui font sens pour nous au cœur de nos priorités de vie : voilà qui me parle. Vous l’avez lu, « le rêve d’Aby » existe grâce aux dons, je ne peux que vous encourager à le soutenir, ce doux rêve, même en donnant peu, de manière symbolique. Vous pensez que tout ceci n’est qu’une goutte d’eau ? N’oubliez jamais que l’océan n’est qu’une multitude de gouttes d’eau…