Depuis quelques temps, je lis beaucoup sur les questions de punition et de fessée qui déclenchent pas mal de débats houleux. J'avoue qu'avant la naissance de mon petit troll, je ne m'étais jamais trop penchée sur le sujet. J'avais remarqué, quand j'étais bénévole en pédiatrie, il y a quelques années, que souvent les petits enfants reproduisaient les comportements violents des parents mais ça s'arrêtait là. Après avoir lu "au coeur des émotions de l'enfant" et "j'ai tout essayé" d'Isabelle Filliozat, je trouve son approche et ses réflexions très intéressantes. Il y a des choses que j'aurais fait spontanément et d'autres où je me serais sentie démunie pour faire passer un message à mon enfant. Comment lui faire comprendre que certaines choses sont dangereuses ou d'autres interdites pour une bonne organisation sociale ?

Il y a quelques jours, je suis tombée sur une interview de Claude Halmos sur le site de Psychologies. C'est une psy que j'aime beaucoup et qui apporte souvent des réponses sensées. Elle concluait son propos par : "Il faut que les choses aient du sens, et qu’elles soient expliquées avec conviction, pour qu’elles puissent être comprises. On peut les répéter une deuxième fois si c’est nécessaire et ensuite c’est stop. Si l’enfant ne s’arrête pas, alors il est puni. Si l’on ne punit jamais un enfant, comme voulez-vous qu’il s’arrête ? Si l’on ne mettait pas de contravention, qui s’arrêterait au feu rouge ?"

J'avoue que ça m'a interpellée. Je me suis mise à réfléchir à l'éducation que j'avais reçue. Je n'ai pas souvenir d'avoir été punie. J'ai souvenir d'une fessée, une seule, et, dans ma mémoire, mon père était fatigué et énervé et j'avais du être insupportable. Je me souviens qu'il s'en est voulu d'avoir réagi comme ça. J'avais enregistré dans ma petite tête d'enfant qu'il n'avait pas réussi à se contrôler après une journée difficile. Pour moi, les fessées étaient donc plus apparentées à une perte de contrôle de l'adulte qu'à une bonne leçon pour l'enfant. Je respectais les règles parce qu'on m'en avait expliqué le sens et que je n'avais pas envie de trahir la confiance de ma mère lorsqu'elle me fixait des limites. Voilà comment j'ai grandi. Je ne crois pas m'arrêter au feu rouge par peur de me prendre une prune mais plutôt parce que je sais que c'est dangereux, qu'un système impliquant plusieurs êtres humains doit être un peu organisé et réglementé si on ne veut pas que ce soit l'anarchie. Je ne pense pas respecter les règles par peur que la sanction tombe. J'essaie de respecter les limitations de vitesse plutôt que de ralentir devant les radars. Y-aurait-il un lien de cause à effet entre mon éducation et mon fonctionnement aujourd'hui ?

Dans tout le débat sur les fessées, j'ai enfin trouvé la réponse à ceux qui me disaient "enfin, on s'en est tous pris une et on n'en est pas mort. C'est comme ça qu'on comprenait qu'il ne fallait pas faire de conneries." Bah non…moi, c'est pas comme ça que j'ai compris. Je n'agissais pas par peur mais par compréhension. Comment faire comprendre à un enfant qu'il ne faut pas taper son prochain si nous mêmes, on lui colle une tape sur la main quand il fait quelque chose de dangereux ou répréhensible ? Tout ça est une histoire de cohérence. Valeur guidante dans ma vie aujourd'hui.

Je ne dis pas qu'un peu fatiguée, ou face à un danger imminent, je n'aurai jamais recours à une petite tape : je n'en sais rien, je suis, moi aussi, comme vous, juste humaine. Je sais qu'on peut se laisser dépasser parfois. Ce n'est pas la volonté que j'ai en tout cas aujourd'hui. Je crois que punir sert à fixer des limites quand on n'a pas trouvé de meilleures solutions. J'ai souvenir que mon amie d'enfance était constamment punie. On a fait les 400 coups ensemble et bien souvent, elle mentait à sa mère par peur d'être punie alors que la mienne savait toujours où j'étais.
J'ai aussi beaucoup lu que, sans punition, le résultat était la marée d'enfants-rois qui déferlaient aujourd'hui. Choisir de ne pas punir ses enfants ne signifie en aucun cas ne pas leur fixer de limites ni abandonner son rôle de parents. Il s'agit de faire différemment.

Encore une fois, je livre ici mes réflexions, je ne cherche pas à dire aux parents adeptes des punitions et fessées : vous êtes de mauvais parents. Chacun fait comme il peut avec ce qu'il a et ce qu'il est aujourd'hui. Je dis simplement qu'il existe des approches, des bouquins pour nous aider à trouver d'autres voies qui me semblent plus bénéfiques à l'enfant et aux parents aussi. Parce qu'avoir recours sans cesse à la punition et à la fessée, je ne suis pas certaine que ce soit super épanouissant pour les parents non plus.

Punition, fessée...alternatives éducatives