Chapitre 2

(re)Prendre le pouvoir, sortir de la victimisation

 

Reprendre le pouvoir, c’est reprendre la barre de son navire, ne laisser à personne le soin de décider pour nous ce que nous souhaitons faire de notre vie. Attention, je ne dis pas là qu’il faut se couper des conseils avertis de nos proches, ni ne plus prendre en considération dans nos choix les gens qui nous sont chers. Loin de là.

La première étape est avant toute chose la prise de conscience. La plupart d’entre nous n’a aucune conscience du pouvoir que nous donnons à l’autre.
Je prends l’exemple d’un couple qui venait me consulter au cabinet.
Elle, s’exprime en disant qu’elle était de bonne humeur le matin en se levant et qu’en tombant sur tous les vêtements de son mari qui traînaient par terre dans le salon, cela l’a mise d’une très mauvaise humeur. Cette dernière était donc conditionnée par le rangement ou non de son mari. N’est-ce pas là donner beaucoup de pouvoir à l’autre ? Le bien-être de cette femme dépend uniquement du fait que son mari va décider ou non de ranger ses affaires ?
Vous pourriez décider qu’effectivement ce n’est pas très chouette tout ce linge qui traîne mais sans pour autant donner un tel impact à ce fait que cela conditionne tout votre état interne.

Combien de fois ne vous êtes-vous pas dit : « J’étais de bonne humeur jusqu’à ce qu’un idiot me grille la priorité ou me klaxonne de manière agressive ».  Nous basculons dans une humeur grincheuse, nous arrivons au bureau avec la mine renfrognée et envoyons promener notre collègue à la première remarque…Sauf si nous prenons conscience du schéma dans lequel nous plongeons et que nous décidons de ne pas donner tout ce pouvoir à cet automobiliste. Parfois, l’intention est positive, comme ce mari qui me confiait : « Moi, tant que ma femme est bien, de bonne humeur, qu’elle rigole : je suis bien. Dès qu’elle s’énerve, râle, ne se sent pas bien : je ne me sens pas bien. ». Il pensait faire plaisir à sa femme en déclarant une chose pareille…
Réalisez quel pouvoir nous offrons, sans même qu’il ne le réclame, à l’autre.
Nous remettons, sans aucune résistance notre bien-être dans les mains de quelqu’un d’autre.

L’accès à la sérénité est tout bonnement impossible tant que nous ne reprenons pas le pouvoir de notre vie. Que nous donnions le pouvoir à l’autre ou aux événements extérieurs, la démarche est la même.

Une approche très intéressante sur la question a été développée par Stephen Covey. Il parle du cercle d’influence et du cercle des préoccupations.
Son principe est le suivant, face une situation, il y a deux attitudes possibles : soit on se pose en victime –le mot est fort mais juste- et on considère qu’on ne peut rien faire, que tout cela ne dépend pas de nous. Soit, on augmente notre fameux « cercle d’influence » et on fait quelque chose pour améliorer la situation, on passe du clan des victimes au clan des proactifs.
A ce moment-là, que j’intervienne en entreprise dans le secteur privé ou dans la fonction publique, j’entends souvent le même discours lors de mes formations : « Ca se voit que vous ne connaissez pas nos chefs… ».  Croyez-moi, il est toujours possible de mettre quelque chose en place. Toujours.
Je prends souvent le même exemple. Je parle du plafond de la salle en leur expliquant : soit je passe ma journée plantée là, sur la chaise au milieu de la salle à me dire : « qu’est-ce qu’il est bas ce plafond…pas moyen de donner une formation dans une salle avec un plafond si bas, franchement, non, mais vous voyiez un peu ce plafond comme il est bas. En plus, je ne peux rien faire là, ça se voit que les gens qui ont conçu cette salle n’ont jamais donné de formation toute la journée enfermés ici… »…là, en général, tout le monde glousse un peu devant l’absurdité de la scène.   Soit je me dis : « ok, ce plafond est un peu bas mais je vais faire avec. Je vais allumer les lumières, bouger les tables pour les rapprocher des fenêtres pour avoir plus de lumière et le plafond ne me paraîtra plus si bas qu’il ne l’était. Au moins, j’aurais fait quelque chose pour m’occuper de la situation ». A votre avis, dans quel cas je me sens mieux ? Libre à vous de choisir votre camp.   En guise de clin d’œil, je désigne souvent un volontaire dans l’assemblée et lui propose que chaque jour que nous allons passer ensemble au cours de la formation, il sera responsable de mon humeur, qu’il décidera au moment où je franchis la porte si je suis souriante, renfrognée ou triste. C’est ce que nous faisons chaque jour lorsque nous donnons la possibilité à l’autre via ses actes ou ses paroles ou aux événements extérieurs de décider pour nous.

J’aime à raconter une histoire pendant mes formations ou mes consultations, une histoire que j’ai entendue de Boris Cyrulnik :
« Charles Péguy se rend à la cathédrale de Chartres.
Sur sa route, il croise un homme qui casse des cailloux. Il lui demande ce qu’il fait. Le gars lui répond en pestant qu’il fait un boulot stupide, fastidieux et mal payé de surcroît.
Péguy poursuit sa route, croise un deuxième casseur de cailloux, qui lui dit : » ma foi, je gagne ma vie en plein air, c’est mieux que derrière un bureau ».
Péguy avance, rencontre un troisième casseur de cailloux.
Celui-là rayonne de joie.
Péguy lui demande ce qu’il fait et le gars répond « Vous voyez bien! Je bâtis une cathédrale! ».
Le sens qu’il donne à ses efforts lui apporte beaucoup de bonheur car il métamorphose le réel. Le caillou est déjà un morceau de la future cathédrale…
Il ne tient qu’à vous de ne pas laisser les événements extérieurs décider de votre bien-être, tout se passe en vous. Vous êtes maîtres de votre vie, de votre ressenti au moment où vous prenez le pouvoir.

C’est sûr qu’il est parfois très confortable de blâmer ses parents, son conjoint, son patron, ses collègues…de ce qui nous arrive pour éviter de prendre la responsabilité des choses. C’est certain que dans un premier temps, lorsque nous choisissons de reprendre la barre de notre navire, c’est un peu paniquant d’être tout seul à décider. Croyez-moi, très vite, on se demande comment faisait-on avant, comment a-t-on pu pendant tant d’années confier le baromètre de notre bien-être à quelqu’un d’autre.   Je me souviens encore, il y a plusieurs années, lorsque je suivais ma formation en PNL, mon formateur Alain (PNL Humanisteavait exprimé l’idée suivante : « s’il vient, c’est bien, s’il ne vient pas, c’est bien. »
Je me souviens m’être dit sur le moment, « waou, j’aimerais tellement pouvoir penser ça. »
Aujourd’hui, c’est le cas.
Mon bien-être ne dépend pas de la venue de quelqu’un, quand bien même ce quelqu’un est la personne la plus importante à mes yeux. Mon état interne reste géré en interne. L’externe n’a que très peu de prise. Prendre la barre de son embarcation, c’est aussi ça. S’adapter à ce qui est. Ce qui est, est.
Vous pourrez « danser sur votre tête », comme on se plait à dire en Belgique, les choses sont ce qu’elles sont. Vous pouvez pester sur le temps gris, sur les bouchons, sur votre collègue qui ne fait pas son travail correctement, les choses sont ce qu’elles sont.
Comme le dit très justement et avec beaucoup d’humour Byron Katie dans son livre Aimez ce qui est : « Si vous souhaitez que la réalité soit différente de ce qu’elle est, autant essayer d’enseigner à un chat comment aboyer. Malgré tous vos efforts, vous vous retrouverez à la fin devant un chat qui vous dévisagera en faisant miaoû. »

Plutôt que de pester sur une situation sur laquelle vous n’avez aucune prise (le fameux cercle des préoccupations de Covey), évertuez-vous plutôt à la voir autrement, à mettre des choses en place pour la vivre de manière plus agréable (élargir votre cercle d’influence).
Il est question ici de lâcher prise. Attention, lâcher prise ne veut pas dire n’en avoir rien à faire et rester inactif face à une situation. Il s’agit ici de mettre l’énergie là où elle est utile.
Si votre plafond s’écroule, vous n’allez pas rester là à le contempler en vous répétant « ce qui est, est ». Plutôt que de perdre une énergie folle à vous répéter « ce n’est pas possible », à chercher le coupable, à tenir Pierre, Paul ou Jacques pour responsable, il s’agit de mettre votre énergie à profit pour trouver des solutions, pour penser constructif, pour vous demander ce qu’il faut faire pour faire avancer les choses.

A VOUS D’AGIR :

* Reprenez la barre de votre navire : dans un premier temps, prenez conscience de toutes les fois où c’est l’extérieur qui détermine votre état intérieur. Voyez le surréalisme de la situation et remettez –comme on dit en Belgique – l’église au milieu du village.

* Chaque fois que vous êtes face à une situation où vous avez le sentiment de subir, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour mieux vivre cette situation même si vous ne pouvez pas la changer. Que pouvez-vous mettre en place pour que votre état interne soit plus agréable à vivre ? Qu’est-ce qui est en votre pouvoir et que vous pouvez changer dès maintenant ?